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 le football mondialisé, un autre bon article

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marko
Président de la FIFA



Messages : 4893
Date d'inscription : 01/06/2008

le football mondialisé, un autre bon article Empty
MessageSujet: le football mondialisé, un autre bon article   le football mondialisé, un autre bon article EmptyDim 10 Avr - 14:47

Le mythique Liverpool Football Club aurait-il perdu son âme d'antan ?

Un propriétaire américain, des joueurs presque tous étrangers, l'argent qui coule à flots, des marques omniprésentes, des billets hors de prix... Emportée par la fièvre néolibérale, l'équipe légendaire de Liverpool n'est plus ce qu'elle était. Il pleut des tacles au royaume du ballon rond. 
Rendez-vous avec John Aldridge, ancien joueur du Liverpool FC, pour évoquer ce football britannique devenu, depuis une dizaine d'années, un parfait concentré de tous les excès du néolibéralisme : une gigantesque Bourse aux footballeurs et un show télévisuel à l'impact planétaire. « Aldo », attaquant rugueux et sixième meilleur marqueur de l'histoire du championnat anglais — avec trois cent trente buts inscrits —, n'est pas plus étonné que ça .
«  on a l'impression que Liver­pool n'est plus un club anglais, mais une marque internationale, un logo, comme pour les parfums, les vêtements de luxe...  »
Comme d'autres anciennes gloires locales, Aldridge, 56 ans, est mis à contribution par le Liverpool FC pour tenter, selon ses mots, d'« incarner un passé et un état d'esprit, celui du football populaire des années 1970 et 1980, dont il ne reste pas grand-chose en vérité ». A Liverpool, tout a changé. A commencer par les propriétaires du club, passé sous pavillon américain en 2007.
L'actuel propriétaire est un certain John W. Henry, patron des Red Sox, l'équipe de base-ball de Boston. Rien de très original : treize clubs sur les vingt que compte le championnat anglais ne sont plus... anglais. Leur équipe, leur centre de formation, leur stade appar­tiennent à des sociétés étrangères — russe (Chelsea), américaines (Manchester United, Fulham, Aston Villa...), russo-américaine (Arsenal), égyptienne (Hull City) — ou à des consortiums d'actionnaires malaisiens,  lettons, pakistanais, sud-africains... Les pays du Golfe ne sont pas en reste, puisque Manchester City est la propriété d'un groupe des Emirats arabes unis (de même que le Paris-Saint-Germain appartient à une société qatarie).
Si plusieurs clubs ont évité la faillite grâce à ces investisseurs arrivés depuis dix ans, beaucoup dans le pays s'inquiètent de leur domination, et plus encore de leurs  motivations. Pour « Aldo » Aldridge, « le football d'avant, populaire, bon marché, a du plomb dans les tibias. Le propriétaire de Liver­pool ne vient jamais voir jouer l'équipe ; il gère son bien comme une en­treprise à faire fructifier pour mieux la revendre dans quelques années ».
« La dimension spectaculaire du foot est plus forte qu'avant ! Les clubs se battent à coups de millions pour attirer les meilleurs joueurs — ou supposés tels — dans l'espoir de  les  voir marquer beaucoup de buts. Mais c'est une fuite en avant. Les joueurs changent sans cesse de club. Beaucoup deviennent des mercenaires. On ne construit plus rien sur la durée, l'esprit du sport est menacé. »
Pour avoir le droit de diffuser les matchs du championnat anglais, la chaîne de télé Sky (tentaculaire réseau sportif au Royaume-Uni), British Telecom et un ensemble de chaînes étrangères (dont Canal+, en France) ont accepté de payer 3,2 milliards d'euros par an de 2016 à 2019 — 68 % de plus que pour la période 2013-2016 ! Le club le moins bien classé de Premier League (le championnat anglais) touche davantage en droits télé que le PSG, leader dans l'Hexagone.
Ces versements mirobolants sont encaissés puis redistribués aux clubs par la Premier League, une entreprise privée organisant le championnat — alors qu'en France c'est la Ligue de Football, opérant sous délégation de service public, donc de l'Etat, qui assure cette responsabilité. Délibérément libéral, le système anglais ne trouve rien à redire quand ladite entreprise signe un accord avec la banque Barclays pour ajouter son nom sur l'affiche du championnat national, devenu « The Barclays Premier League ». Big money et football : mariage consommé !
L'argent privé étant l'unique carburant du foot anglais — Roman Abramovitch, propriétaire russe de Chelsea, aurait investi 1 milliard d'euros depuis 2003 ! —, la publicité imprime sa marque jusqu'au frontispice des stades. A Londres, le terrain d'Arsenal s'appelle l'Emirates Stadium, du nom de la compagnie aérienne de Dubai - une pratique  qui se développe peu à peu en France, selon l'exemple de l'Allianz Riviera de Nice. A Liverpool, des travaux sont en cours pour agrandir la tribune principale d'Anfield... et proposer davantage de loges privatives aux entreprises (loyer : 80 000 livres par an pour une loge de huit places). Pro­­blème, selon les « vrais » supporteurs : ces VIP ne connaissent rien du tout au foot. Et ne savent pas mettre l'ambiance...
“L'argent est devenu l'obsession des dirigeants de clubs”
Si les fan-clubs de Liverpool sont si nombreux en Asie, ce n'est pas seulement parce que les percées balle au pied de Steven Gerrard font rêver les petits garçons  : c'est surtout parce que des entreprises comme Standard Chartered (groupe bancaire très présent en Thaïlande) et Garuda (la compagnie aérienne indonésienne) ont choisi de faire du Liverpool FC leur premier vecteur publicitaire. Les deux marques payent chacune 30 millions d'euros par an pour s'afficher sur le torse des champions... et de centaines de milliers de fans ainsi transformés en publicités ambulantes.
Elles ont même ajouté quelques millions en bonus pour que le Liverpool FC fasse une tournée d'été en Asie et en Australie, avant la reprise du championnat, le 8 août. Le joueur de foot est devenu un VRP de luxe — au grand dam des supporteurs et des médecins du sport. Pour l'entraîneur français Jacques Crevoisier, « ces tournées en Asie sont un non-sens sportif. On impose des voyages épuisants et des décalages horaires à répétition à des joueurs en pleine préparation. Mais l'argent est devenu l'obsession des dirigeants de clubs. »
Folie des transferts
La période des transferts voit s'échanger des indemnités parfois colossales. « La atastrophe, dans le foot moderne, ce sont les agents, qui peuvent toucher jusqu'à 10 % des indemnités. Pour ces intermédiaires, le mouvement sur ces marchés rapporte, alors que l'immobilité ne rapporte rien. Ça crée un bazar invraisemblable au sein des équipes, une pression absurde de la part des supporteurs, des investisseurs, etc. Les clubs se retrouvent à faire des erreurs fatales, comme Liverpool avec le recrutement de l'Italien Mario Balotelli, qui n'a pas le niveau et a été payé bien trop cher. »
Cette folie des transferts a provoqué une hallucinante inflation des contrats. En 2015, le salaire moyen d'un joueur employé par un club anglais est de 255 000 euros par mois. C'est six fois plus qu'en France (40 000 euros, une moyenne tirée vers le haut par le très riche PSG). Même les salaires des joueurs de deuxième division anglaise sont plus élevés que ceux de l'élite en France ! A Liverpool, le mal-aimé Balo­telli, qui n'a finalement marqué qu'un but en 2014-1015, touche 200 000 livres par semaine pour... ne pas jouer. La direction cherche désormais à le revendre.
Rappelons que depuis l'arrêt Bosman de 1995, les sportifs de l'Union européenne peuvent circuler sans entrave d'un pays à un autre, ce qui a entraîné une « internationalisation » des championnats nationaux. Aujourd'hui, 70 % des joueurs évoluant en Angleterre sont étrangers. Ils n'étaient que 10 % en 1992. Lors d'un récent Chelsea-Arsenal, il n'y avait que trois citoyens anglais sur la pelouse : les arbitres.
Du coup « si on est né en Angleterre, il faut être un génie du foot pour obtenir sa place dans une équipe. La concurrence étrangère est délirante ». John Aldridge complète : « Le centre de formation de Liverpool, qui ratisse tous les meilleurs jeunes de la région, n'arrive plus à sortir un seul joueur pro. On vide les campagnes des gamins les plus doués, mais ensuite leur rêve se brisera parce qu'ils ne seront pas assez forts pour la Premier League. Le bilan humain de ce mirage entretenu par les clubs professionnels est désastreux. »
« Les classes populaires ne peuvent plus venir au stade !, déplore Aldridge. Un billet coûtait l'équivalent de 3 livres quand j'étais gamin. C'est 55 livres (environ 78 euros) aujourd'hui pour la place la moins chère, et 750 livres (environ 1 050 euros) pour un abonnement d'un an dans le Kop ( la légendaire tribune populaire, derrière un des buts). A mon époque, le foot était un truc de prolétaires. Ceux qui étaient en tribune avaient grandi dans la même rue que ceux qui étaient sur le terrain ; ils avaient la même vie, les mêmes soucis. »
Les fans du Liver­pool FC refusent d'admettre que ce club mythique, tant aimé par leur père, leurs grands-pères, a changé du tout au tout. Pourtant l'âge d'or est révolu. La couronne de champion d'Angleterre semble en effet promise, année après année, à Manchester City ou Chelsea, clubs plus riches encore, plus dépensiers aussi. « Au mieux, nous pouvons espérer être cinquièmes », confient Gareth Roberts et Neil Atkinson, les responsables de l 'excellent site web de fans The Anfield Wrap : « Pour gagner, il faudrait dépenser encore plus, étoffer notre effectif, et donc aller vers une logique plus libérale encore... au risque de tuer l'âme du club. Nous sommes tiraillés, et désabusés. La logique financière fausse le championnat anglais ; et nous nous sentons les cocus de l'histoire... »
Car ils sont passés près du Graal. En 2013-2014, déjouant tous les pronostics, Liverpool réalisa une saison extraordinaire, et faillit remporter le titre, notamment grâce à son attaquant uruguayen, Luis Suárez, depuis parti à Barcelone. « On y a cru, raconte Gareth. Au printemps, les victoires s'enchaînaient, onze à la suite, et à Anfield l'ambiance était démente, le stade en feu. »
L'exploit semblait à portée de main. « Hélas, comme le monde entier a pu le voir à la télé­vision, dans un match décisif, Steven Gerrard a glissé et perdu le ballon, provoquant un but assassin de Chelsea. En trois ­secondes, nous avions perdu le titre. » Neil préfère en rire, mais « si n'importe quel autre joueur avait fait une bêtise pareille, le stade l'aurait tué. Comme c'était Steven Gerrard, le héros du peuple rouge, un gars de la région, le dernier des Mohi­cans, on lui a pardonné. »
Ce soir-là, l'équipe de The Anfield Wrap avait organisé une énorme fiesta dans un entrepôt transformé en discothèque éphémère, dans l'espoir de fêter le titre. Des centaines de billets pour la fête avaient été prévendus. « Le titre envolé, on s'est dit que personne n'allait venir, que la soirée allait être nulle... Mais les gens sont venus, et l'ambiance était fabu­leuse. Ce fut une des meilleures fêtes qu'on ait jamais vues à Liverpool. Après tout, ce n'est qu'un sport ! Et nous, nous étions fiers de notre équipe, fiers de Liverpool. »
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