Grande Salle de sport

D’abord estimé à 100 millions, hors travaux de voirie, le projet CO’Met, entre oublis et contraintes économiques, a vu sa facture bondir. Elle pourrait atteindre 140 millions d'euros.

Les explications.

Le voyage dans la galaxie CO’Met était promis pour 100 millions d’euros. Il en faudra désormais plus, beaucoup plus, pour financer cet équipement articulé autour d’une salle de 10.000 places, un palais des congrès et un parc des expositions, livré en 2022.

Comment en est-on arrivé là, dans ce dossier éminemment politique, voulu par l’ex-maire Olivier Carré et suivi par son adjoint aux finances, Michel Martin, aujourd’hui celui du maire d'Orléans Serge Grouard, qui pointe du doigt un surcoût financier

Un audit a été lancé par Orléans Métropole, qui évoque un coût réévalué à 130 millions. "Les résultats de cet audit seront connus à la fin de la semaine, annonce son président PS Christophe Chaillou, avant une discussion avec Bouygues (le constructeur)."

Nos révélations sur les raisons de ce dérapage financier.

Nouvelle destination pour la grande salle. Surcoût de 10 à 15 millions d’euros
La salle ne devait abriter que des rendez-vous sportifs, comme les matches de basket de l’OLB. Mais pour assurer sa rentabilité, des concerts réguliers y seront désormais possibles.

Philippe Pezet, ancien conseiller municipal chargé de CO’Met de 2015 à juin dernier, s’explique. "En juillet 2018, d’abord, on a fait évoluer le projet en faisant voter en conseil métropolitain, à l’unanimité, un avenant faisant passer la salle de 8 à 10.000 places et créant un vrai auditorium. Ça a coûté 10 millions. Ensuite, en 2019, nous avons décidé de prendre des mesures pour pouvoir adapter le projet et transformer la grande salle en vraie salle de spectacles." Cette évolution à un coût : près de 10 millions d’euros nécessaires pour revoir la sonorisation, les lumières…

"Quand on veut faire venir certaines stars internationales, on nous a expliqué qu’il fallait adapter les loges, créer une cuisine…"

PHILIPPE PEZET (Ancien conseiller municipal en charge de CO'Met)

"Après, il y a le numérique : nous, nous avons amené tous les gros réseaux à l’extérieur, charge au délégataire de s’occuper de l’équipement à l’intérieur. Et ça, ça peut coûter 5 à 6 millions d’euros. Et on arrive à 15 millions en plus. Mais cette dernière partie, nous ne l’aurions pas prise en charge. On a fait ce choix d’investir plus pour payer moins en fonctionnement. Une salle de spectacles rapportera plus d’argent qu’un spectacle deux fois par an, comme prévu au départ."

Tout cela n’était-il pas anticipable?? "Un projet évolue au fil de l’eau. Quand on veut faire venir certaines stars internationales, on nous a expliqué qu’il fallait adapter les loges, créer une cuisine… Nous, on aurait fait définitivement le choix de la salle de spectacles en septembre 2020, si l’on avait été élu. Si Serge Grouard évoque 130 millions de budget, c’est qu’ils ont pris la même décision."

Assurance dommages ouvrage. Coût : 1,5 million
Selon nos informations, le budget initial n’aurait pas pris en compte 1,5 million destiné à l’assurance dommages ouvrage. "C’est faux", rétorque Philippe Pezet.

Ajustement de la hauteur de plafond : 1,5 million d’euros
L’Open de tennis à CO’Met ne peut s’imaginer sans un deuxième court installé dans le parc des expositions. Seul problème : la hauteur du plafond doit s’élever à 12 mètres. Or, sur les premiers plans, il culmine à 8 mètres… "Si on avait été consulté en amont, on aurait pu le dire", précise Didier Gérard, l’organisateur du tournoi. 1,5 million d’euros ont donc été nécessaires à la révision de cette hauteur.

Voirie, tram : 10 millions
Une guerre des chiffres sur fond de tensions politiques. Exemple avec le volet des transports et de la voirie. L’ex-municipalité a d’abord présenté, en juillet 2016, un projet à 100 millions. Ce chiffre n’incluait pas les dix millions d’aménagements de la voirie, dont 5 millions pour la station de tram. Philippe Pezet, parle, lui, d’un montant initial de 110 millions d’euros, hors station de tram et voiries. "Aujourd’hui, pour moi, on est sur une somme de 125 à 130 millions d’euros. C’est donc une augmentation de 20 millions, pas 30, ça rentre dans les 15% toujours prévus dans ce type de projet. Serge Grouard le sait", assure Philippe Pezet.


Il reste encore à déterminer dans les prochaines semaines le surcoût lié à l’arrêt du chantier pendant la crise sanitaire. Il n’est pas à exclure que CO’Met devienne un équipement à 140 millions d’euros.

De quoi fragiliser son financement ? "Ce projet est très bien financé. Sur les 110 millions initiaux : 42 sont assurés hors Métropole : 26 par le Département, 8 par la Région, 7 par l’État", détaille Philippe Pezet.

Olivier Carré répond. L’ancien président de la Métropole d’Orléans, Olivier Carré, est sorti de sa réserve pour répondre sur le sujet CO’Met. "Michel Martin avait dit dans la dernière réunion des maires, fin février, que comme dans tout grand projet, lors des mises au point, il y aurait des dépassements par rapport au prix initial, dans les normes de ce qui est autorisé dans les avenants. Serge Grouard était donc certainement au courant, peut-être plus que moi. Ce projet est très bien financé, son coût absorbable par l’exploitation sport-économie-spectacle mais il faut travailler d’arrache-pied et anticiper l’exploitation de 2022."